Thesis
Relations entre les cycles climatiques et hydrothermaux en Mer Rouge
Defended
June 27, 2003By
Aoua COULIBALYSupervisor(s)
Gérard Blanc / Pierre Anschutz
Summary
Cette étude pluridisciplinaire couplant des approches de biostratigraphie, de sédimentologie et de géochimie isotopique et élémentaire a permis d'établir une relation entre les cycles climatiques et l'hydrothermalisme en mer Rouge.
La mer Rouge est un jeune océan semi-fermé dans lequel l'activité hydrothermale se manifeste au sein de la zone axiale par la présence de fosses à saumure et/ou de sédiments minéralisés. Le caractère confiné de ce bassin, le rend extr'mement sensible aux variations océanographiques globales, en particulier celles liées à la cyclicité glaciaire et aux variations du niveau marin qui en résultent.
L'étude porte sur cinq carottes prélevées au cours de la mission RedSed MD73 (1992) dans la partie centrale de la mer Rouge. Elles sont localisées du nord au sud dans la fosse Thétis, la fosse Valdivia, hors de l'axe, dans la fosse Suakin et dans la plaine Suakin.
Le cadre chrono-stratigraphique des carottes a été défini à partir des données isotopiques de G. ruber couplé à des datations AMS14C. Ces colonnes sédimentaires couvrent les derniers cycles climatiques du Quaternaire correspondant aux stades isotopiques 1 à 5. L'enregistrement haute résolution des variations de Globigerinoides ruber et de G. sacculifer à l'Holocène (un échantillon environ tous les 146 ans) a permis d'établir une nouvelle biozonation plus détaillée de cette période, qui est caractérisée par la succession de trois biozones. L'enregistrement des variations du carbone organique et de celles du soufre le long des carottes a permis d'identifier des niveaux de sapropèles aux stades 2 et 3, en plus de celui déjà répertorié au stade 1. La présence de ces sapropèles est un indice de sous-oxygénation des eaux de fond.
L'enregistrement des métaux hydrothermaux (Fe, Mn, Zn) pendant les périodes climatiques prédéfinies, fait ressortir une abondance de ces métaux dans les sédiments de la plaine Suakin au Dernier Maximum Glaciaire (DMG) et au stade 3 et un appauvrissement en ces métaux des sédiments de la fosse Suakin au DMG, comme cela a déjà été observé dans la fosse Atlantis II. Le stade 1 est caractérisé dans les fosses Atlantis II, Thétis et Suakin par de fortes concentrations en métaux hydrothermaux dans les sédiments.
L'évolution spatiale et temporelle des concentrations métallifères dans les sédiments, nous permet de proposer le mécanisme suivant qui rend compte de cette répartition :
- En période d'oxygénation "normale" (stade 1), l'interface saumure-eau de mer assure une double fonction de barrière de densité et de barrière redox. Les métaux précipitent à cette interface et forment des niveaux hautement minéralisés dans les fosses, comme c'est le cas dans les fosses Atlantis II, Thétis et Suakin.
- En période de sous-oxygénation des eaux de fond, cette interface saumure-eau de mer se réduit à une interface de densité et on assiste à la formation d'une nouvelle interface redox moins profonde. Les métaux des saumures diffusent vers l'eau de fond anoxique. Ils s'oxydent à la nouvelle interface redox, qui est plus étendue et se répandent hors fosse. Peu de métaux sédimentent pendant ces périodes dans les fosses. D'o' la formation de sédiments enrichis en métaux hydrothermaux dans la plaine Suakin et de sédiments peu minéralisés dans les fosses Atlantis II et Suakin au DMG.
Un bilan de matière, basé sur les résultats acquis dans la plaine Suakin a permis de placer le front redox au DMG à 1600 m de profondeur, avec une superficie de 5500 km2.